14 juin 2012

Le massage, pour bien accueillir bébé

Des "Massage de grossesse" à partir du début du 4ème mois, et des ateliers "Massage bébé" sont organisés sur rdv, animés par Florence, à Rougiers (2 rue du cours) ou à votre domicile.
Un premier contact à prendre par téléphone au 06 08 45 54 92 ... Bienvenue !


L'interview du docteur Dominique Leyronnas, pédiatre, qui nous parle de son initiative.
Dans ses services de néonatalogie et de maternité, qui accueillent 3000 naissances par an, on apprend aux mamans à masser leur bébé. 


 
Comment cela s’est-il passé ? Comment a réagi le personnel soignant ?
Dr Leyronnas, comment l’idée d’introduire le massage du bébé à la clinique vous est-elle venue ?
De nombreuses années de pratique pédiatrique m’ont appris l’importance primordiale du toucher et de l’odorat chez le bébé. Or, nous ne sommes pas dans une civilisation du toucher. Les mamans ne savent plus comment toucher leur bébé, à tel point qu’un travail de ré appropriation de ce sens me paraît indispensable, aussi bien auprès du personnel soignant que des parents.
Souhaitant introduire le massage du bébé à la clinique, j’ai d’abord suivi une formation au massage ayurvédique tel qu’il est présenté dans le très beau livre « Shantala » du Docteur Frédérick Leboyer. Puis, une rencontre décisive m’a permis de réaliser ce projet : le destin a voulu qu’Isabelle Gambet Drago, masseur kinésithérapeute, se présente à moi pour me proposer ses services. Se basant sur son expérience de plusieurs années dans des services pédiatriques, elle a développé un art du massage du bébé adapté à notre culture occidentale. Elle a formé notre personnel soignant des services néo-natalité et maternité et l’accompagne pour proposer aux jeunes parents de s’initier à cette pratique.
La plupart des puéricultrices et des auxiliaires ont accueilli l’idée avec enthousiasme. Mais avant de masser les bébés, elles ont dû se familiariser avec les gestes du massage en les pratiquant entre elles. C’est dans ces moments-là que l’on se rend compte des résistances profondes qu’il faut vaincre pour arriver à toucher autrui. La peur de l’autre renvoie à quelque chose d’intime et à son propre vécu : on touche comme on a soi-même été touché. Pour masser, il faut donc apprivoiser ses gestes, apprendre le lâcher prise, la confiance. C’est plus facile pour certains que pour d’autres. Passé ce cap, le massage du bébé devient un plaisir, non seulement pour le bébé mais aussi pour l’adulte. Il demande peu d’efforts et a des effets étonnants ! La qualité de la relation qu’il apporte avec le bébé apaise celui-ci et, à plus long terme, lui facilite le contact avec les êtres. En ce sens, il a des répercussions jusqu’à l’âge adulte. C’est un véritable travail d’ouverture au monde, à la vie !
Quand massez-vous les bébés ? Est-ce systématique ?
Nous ne l’imposons pas, cela doit être spontané. Nous tenons compte de la demande des parents, de la disponibilité des bébés et de celle des auxiliaires. Au lieu de dire aux mères : « c’est bon pour lui », ce qui parle à la tête, nous préférons suggérer : « cela peut être agréable pour lui », ce qui parle davantage au coeur. Un bon massage ne part pas d’une démarche purement cérébrale … Le matin, la toilette des bébés est prioritaire et il y a souvent beaucoup à faire. C’est pourquoi, le massage est généralement pratiqué l’après
midi, dans des moments plus calmes. Nous le proposons généralement après la toilette. Mais la fatigue et l’attention portée aux soins rend parfois les mamans peu réceptives les deux premiers jours. Au début, nous avions à notre disposition de l’huile d’amande douce basique, raffinée selon la méthode classique, à l’aide de solvants. J’ai fait remplacer ce produit – connaissant l’extrême sensibilité de la peau des bébés, pour réduire les risques d’allergies – par du beurre de karité, traditionnellement utilisé en Afrique pour le massage des bébés. Puis, nous avons découvert l’Huile de Massage Douceur de Weleda, un peu moins grasse, et que nous utilisons à présent car nous en sommes très satisfaits. Il nous arrive encore de masser avec du beurre de karité des bébés de mères africaines, qui en font la demande.
Une jeune mère est très occupée avec tous les soins qu’elle doit prodiguer à son bébé. Le massage vient en plus …
Certes, mais là aussi il y a moyen de se simplifier la vie. Un nourrisson n’a pas besoin d’un bain chaque jour. Or c’est un acte qui prend du temps et le savonnage agresse la peau. En hiver, une fois par semaine suffit ! Seul le siège est nettoyé plus souvent, lorsqu’on change ses couches (dans les premières semaines, sans savon). Cela suffit, d’autant plus que sa peau est fragile. Puis, le massage se pratique après la toilette quand le bébé est propre.
Les premières séances sont courtes – quelques minutes – pour habituer l’enfant. On augmente peu à peu la durée pour arriver à une vingtaine de minutes au premier mois, un peu plus au-delà. Et lorsque l’on donne le bain, on peut se passer du massage.
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Un enfant qui naît est comme un voyageur qui arrive de très loin dans un pays qui lui est complètement étranger ! La qualité de l’accueil qu’on lui réserve est essentielle.
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Globalement, votre approche est plus humaine …
La médecine classique aborde l’être humain à travers la pathologie, en le fractionnant. Dans notre civilisation, on traite la maladie, pas la bonne santé, comme le fait, par exemple, la médecine ayurvédique. Les progrès de notre médecine nous ont permis de surveiller davantage la naissance. Mais au lieu de nous rassurer, paradoxalement, ceci nous a rendus plus inquiets. Or nous avons les moyens de faire plus doux, plus humain. Pour ma part, je me considère comme un « pépiniériste de bébés ». Ce que l’on fait très tôt pour une jeune pousse détermine tout le développement de l’arbre en devenir. Il en va de même pour l’être humain !
Merci, Docteur Leyronnas